Notes du Docteur Vedran

Chapitre débuté par Vedran

Chapitre concerne : Vedran,

Ce texte vaut 2 bières !
Patient V00, entretien numéro 23 :

- Alors Monsieur V, comment allez-vous aujourd'hui ?
- Bof pas très bien. J'ai pas envie de parler.
- Allons, allons, soyez raisonnable. Je suis là pour vous aider, vous le savez.
- Justement, je commence à en douter. Plus je vous parle, moins je me sens bien.
- Ah, comment ça ? Vous avez des pensées sinistres ?
- Non, c'est pas ça. J'ai l'impression de plus savoir qui je suis. Je me sens perdu.
- Nous en avons déjà parlé il me semble, vous êtes monsieur V, vous vous souvenez ?
- Bah ça, c'est vous qui le dites, moi, je me sens de moins en moins monsieur V. Je veux être moi.
- Intéressant. Ça fait longtemps que vous pensez être quelqu'un d'autre ?
- Vous voyez ? Vous recommencez. Je vous ai dit que je voulais plus vous parler. Laissez-moi tranquille.
- Allons, je vois bien que vous ne vous sentez pas bien. Je peux vous aider à aller mieux, vous le savez...
- Nooooooooooooooonnnnnn laissez-moi. Haaaaaaaaaaaaaaaaa... Laissssseeeeez-moiiiiii !!!!


Note : Le patient s'agite dans tous les sens. L'administration forcée de calmant semble avoir un effet apaisant et amnésique. Il faudra tenter une autre approche, le patient parait refuser la psychothérapie et oublier pourquoi il est là.

Diagnostic : Nouveaux symptômes de dépression, anxiété. Trouble dissociatif de l’identité et amnésie toujours persistante. Revient à intervalles réguliers. Progression trop lente avec le patient.

Suggestion : Hypnose. Effort de stabilisation des émotions intenses. Négociation des rapports entre les différentes identités. Travail sur les souvenirs traumatiques. Continuer d'établir et renforcer la relation avec le thérapeute.
Ce texte vaut 2 bières !
Patient V00, entretien numéro 35 :

- Bien Monsieur V, nous avons beaucoup progressé dernièrement, je suis fier de vous.
- Vous pensez ? J'ai toujours le sentiment que quelque-chose ne va pas, pourtant.
- Mmh oui, je sais, je sais. Mais nous en parlerons une autre fois si vous voulez bien. Je voudrais que pendant cette séance, nous abordions le sujet de ce message que vous avez envoyé dernièrement.
- Lequel, j'en ai envoyé beaucoup.
- Justement, ça me pose un petit problème. Vous en avez envoyé beaucoup trop et dans le cadre de notre thérapie, nous ne pouvons pas vraiment tolérer cela.
- Ah désolé, je croyais bien faire.
- Personne ne vous a réellement répondu de toute façon ?
- Si, certaines personnes se sont montrés intéressés.
- Je ne crois pas, remémorez-vous. Vos histoires de Hordes n'ont pas eu l'effet escompté. Au mieux, elles se sont moqués de vous. Je vais vous la relire pour que vous compreniez :

 

Rejoignez-moi,
Rejoignez la Horde.

Ensemble nous vivrons,
Ensemble nous serons plus forts,
Ensemble nous vaincrons la maladie, l'infortune, la faim et la soif.

Seuls vous mourrez,
Seuls vous serez faibles,
Seuls vous succomberez à la dysenterie, l'ennui, la mort et les souffrances.

La Horde vous accueille,
La Horde vous offre la possibilité de sortir de votre anonymat, de votre solitude,
La Horde, c'est nous, ensemble.

Soyons nombreux
Partons à l'aventure,
Construisons notre histoire.

Rejoignez-moi,
Rejoignez la Horde.


- Vous vous attendiez à quoi en disant ça ?
- Je ne sais pas docteur. J'ai cru bien faire.
- Vous savez, monsieur V, je pense que nous nous passerons de vos services pour la suite. Vous n'avez pas besoin de faire ça, je m'occupe de tout. Et le fait que vous ayez eu accès à la radio était une erreur qui, j'ai le regret de vous informer, ne se reproduira plus.
- Je suis désolé docteur. Je ne voulais pas vous décevoir.
- Je vous pardonne. Et vous ne me décevez pas. Il y a tout de même quelque-chose d'intéressant dans ce que vous avez envoyé sur l'ensemble des canaux radios alentours. Du moins pour l'avancée de la thérapie. Qu'entendiez-vous par "Horde". Que vouliez-vous dire ?
- Je crois que je voulais sortir de ma solitude tout simplement. Je me sentais seul. Une horde, une bande, des amis, une compagnie, oui, c'est ça, je voulais de la compagnie.
- Mais c'est moi, votre ami. Vous n'êtes plus seul. Je suis là, je vous parle, je vous aide, je vous comprends. Nous nous en sortirons, nous trouverons une solution à tous vos problèmes, Monsieur V.
- Oui, je sais docteur. Vous êtes mon ami. Le Seul maintenant. Les autres ne le sont pas. Ils m'ont déçu de toute façon.
- Voilà qui est mieux. Nous poursuivrons une prochaine fois. En attendant, comptez-sur moi, je m'occupe de tout. Reposez-vous monsieur V.
Ce texte vaut une bière !
Patient V00, entretien numéro 39 :

- Alors Monsieur V, il parait que vous voulez me voir ? Vous savez, je suis très occupé actuellement, j'ai de nombreuses responsabilités maintenant.
- Vous m'avez dit que je pouvais venir quand je voulais.
- Certes, je l'ai dit, mais les choses ont changé. J'ai de nombreux autres patients à traiter. Il faudra prendre rendez-vous dorénavant.
- Ah, je ne savais pas. Désolé.
- Voyez avec Mamoru mon majordome la prochaine fois. Vous aurez même le droit à un petit cocktail en salle d'attente.
- Oh, c'est bien ça, j'adore les cocktails.
- Moi également, c'est étonnant que nous ayons les mêmes gouts, vous ne trouvez pas ?
- Euh oui, sans doute, je ne sais pas. Tout le monde aime les cocktails.
- Tout le monde aime les cocktails et peu peuvent les faire aussi bien que Mamoru, surtout dans les circonstances actuelles, c'est un luxe. D'ailleurs, comment trouvez-vous mon nouveau cabinet ?
- C'est, euh, ..., bien. Enfin, je ne sais pas vraiment si quelques tentes déchirées, un pot en terre cuite cassé avec un pissenlit rabougri et un matelas moisi soit du "luxe".
- Vous êtes dur Monsieur V avec le bon docteur Vedran. Rappelez-vous où nous avons effectué nos premières séances.
- Brrr oui, je me rappelle. Effectivement, c'est plus confortable maintenant.
- Vous voyez ? Krakorin offre quelques avantages finalement. Ce majordome décérébré, répondant à mes moindres désirs pour commencer, ça, c'est le grand luxe. Et les choses vont encore s'améliorer, j'y mets un point d'honneur, vous verrez monsieur V.
- Je comprends. Vous faites déjà beaucoup pour moi.
- Mais vous n'êtes pas venu ici pour que je vous parle de mes honoraires et de mes factures. Je parle trop de moi. Allez, vous n'avez pas pris rendez-vous, mais je veux bien exceptionnellement vous écouter. Installez-vous.
- Alors, voilà. J'ai fait un rêve. Très étrange.
- Allons-donc, qu'est-ce qui vous pose un problème avec ce rêve pour que vous vouliez m'en parler ?
- Cela avait l'air si vrai, ça m'a beaucoup perturbé.
- Continuez.
- J'ai rêvé que je poursuivais le chien, vous savez, celui qui traine dans les parages, un peu sauvage.
- Lhasi ? Oui ce chien est une calamité, personne n'arrive à l'attraper et il nous mange nos provisions en cachette.
- Et bah j'ai rêvé que je me mettais à le poursuivre, sans jamais réussir et chaque fois que je croyais le capturer, je me trompais et je tuais ou blessais quelqu'un. Ce rêve a duré si longtemps, et chaque fois la scène se répétait, une fois, deux fois, trois fois, dix fois, vingt fois, cent fois peut-être. J'ai blessé tant de gens, tué tant de personnes. Du sang partout qui giclait, des membres déchiquetés, je n'arrivais pas à me contrôler et chaque fois ce chien me narguait. À chaque meurtre que je perpétrais, le chien aboyait à côté en rigolant. Ce chien est maudit, c'est un démon, il nous pousse à tuer.
- Allons monsieur V ce n'est qu'un mauvais rêve. Et ce n'est qu'un chien.
- Je l'ai poursuivi jusque dans sa niche et il y avait au fond une porte secrète. À l'intérieur, j'ai eu une vision des enfers, des monstres abjects, des corps pendus, des êtres vivants à la peau décharnée, arrachée, des femmes et des hommes attachés sur des machines leur infligeant les pires tortures qui soient. Ahhh rien que d'y penser.
- Et bien, un sacré cauchemar.
- Je me suis réveillé en sueur avec du sang sur les draps et les mains.
- Étonnant. Vous vous êtes peut-être juste gratté un bouton dans la nuit.
- Il y avait beaucoup trop de sang, c'était comme si j'avais réellement tué ou blessé tous ces gens.
- Mouis, je ne sais pas, c'est bizarre votre histoire. Quoi qu'il en soit, ce n'était qu'un rêve, ces morts et ces blessés n'ont pas vraiment eu lieu.
- Mais quand je vois ce chien, je sens qu'il ricane, comme s'il savait ce que j'avais rêvé.
- Ce chien me laisse également un sentiment étrange, j'avoue. Parfois, il se laisse approcher pour être caressé. Mais il semble plus intelligent qu'il n'y parait, car il sent vite le danger, impossible de lui mettre une laisse.
- Ah, vous voyez ? Vous aussi ?
- Allons Monsieur V, rien à voir avec votre rêve. C'est juste un chien sauvage qui traine autour de Krakorin
- Oui, vous avez raison.
- Et nous arriverons bien à le capturer, un jour, j'en suis sûr. Un bon rôti de chien. Ça nous changera de la viande humaine.
- Docteur ? Pardon ?
- Hum oui, désolé, oubliez ce que je viens de dire. C'était juste de l'humour. Évidemment.
- Ah. Et ce sang sur les draps ? Ça je ne l'ai pas rêvé.
- Un bouton, je vous dis. Parfois, on se gratte dans la nuit sans savoir, et il suffit que vos ongles soient mal coupés. Regardez-vos mains, vous vous êtes négligés Monsieur V.
- Mes mains sont impeccables.
- Si vous le dites. Bon c'était tout ? Juste ce rêve ?
- Oui, c'est tout.
- Allez, j'ai ramassé un peu de menthe sauvage hier, doit me rester un peu de rhum. Mamoru va vous faire un bon mojito et vous allez oublier ce cauchemar. Prenez la vie du bon côté Monsieur V. Profitez de Krakorin. Et oubliez tout. Je vous l'ordonne.
- Oui docteur, bien docteur.
- Voilà, j'aime quand les choses rentrent dans l'ordre.
...
- Lhasi ? C'est bon, il est parti. Viens mon chien chien. Tu as été vilain. Mauvais chien. Il ne faut plus tourmenter ces pauvres gens comme ça. Tu as de la chance lhasi, le bon docteur Vedran s'occupe de mettre des bonnes herbes dans ses cocktails pour que les gens oublient tout.
Mmmh, je me demande si c'était vraiment de la menthe d'ailleurs en fait.
Bof, peu importe, menthe ou autre chose, l'important, c'est que ça rende les gens heureux, c'est le rôle du bon docteur Vedran, rendre les gens heureux.
...
D'ailleurs Lhasi, es-tu réellement là ? Ou est-ce que je caresse juste ma main ?
...
Mamoru ? Un autre mojito s'il te plait...