Abel au nom d'Abel

Chapitre débuté par Ash

Chapitre concerne : lessansnoms, maëlys, Ash,

Ce texte vaut 3 bières !
Après l'attaque, il m'avait fallu de nombreuses minutes en solo, pour encaisser ce qui avait été fait. Pour une soldate telle que moi qui avait passé sa vie à essayer de défendre son pays et ses habitants, franchir le pas d'attaquer plutôt que de se défendre était à chaque fois quelque chose de difficile à encaisser. Encore plus lorsqu'il s'agissait de franchir un ancien monastère et tuer des personnes sans armes, du moins entre leurs mains, et sans avoir pu s'y préparer. Lorsque nous partions au combat l'ennemi était toujours connu et prêt. Il était entrainé et qu'en bien même nous venions à en tuer quelques uns, il avait été préparé à cette éventualité. Là c'était différent. Tout était dorénavant différent. Nous combattions la plupart du temps pour notre survie, et en général c'était face à des personnes qui avaient appris sur le tare à se battre. Ce n'était pas juste, mais la vie l'avait décidé ainsi.

Le lendemain, j'avais laissé Xiao et Em gérer la fameuse Maelys. Je m'étais contentée de passer du temps avec Heim et de profiter de notre victoire. Nous avions baisé comme des bêtes, et maintenant que j'étais requinquée et que mes états d'âme s'étaient de nouveau évaporés au même titre que Rose, j'étais en mesure de m'en approcher. J'avais cru comprendre qu'elle avait pas mal souffert, au moins psychologiquement, mais je savais également que ce nouveau monde n'était qu'un monde de morts où seuls les plus forts subsistaient. Intéressant de voir dans quel camps elle pouvait se trouver ..


" Hey toi, la dalle ? "

Lui balançais-je l'épaule appuyée contre l'encadrement de la porte tandis que je tiens d'une main une sorte d'assiette de fortune dans laquelle se trouvent quelques mets de ma propre composition. Je ne la voyais pas comme ça, mais maintenant que je la visualise bien, je la trouve magnifique. C'est marrant parce qu'à l'écouter je l'aurais cru brune et le teint halé. Attachée grâce à des cordes retrouvées dans les lieux, je prends le risque de m'approcher.

" Je t'ai concocté un p'tit quelque chose, tu m'en donneras des nouvelles .. "

Lui souriais-je avant de faire glisser l'assiette entre ses mains.
Ce texte vaut 2 bières !
La porte s’ouvre, elle se redresse légèrement, assise sur le lit au fond de la cellule monastique, elle fixe la personne qui se profile au chambranle sans un mot. Elle la les mains attachés avec de la corde et celle-ci semble intacte, à l’évidence Mael n’a rien fait pour ne serait-ce que tenter de s’échapper. Un léger effluve d’urine flotte malgré toute la pièce à cause du pot de chambre situé non loin de la porte. Elle aurait pu demander à aller aux toilettes, on l’y aurait sans doute conduite, mais les imaginer devoir vider ses déjections lui apporte un semblant de satisfaction.

Le regard est froid et acéré bien que des cernes creuses son visage, elle détaille la blonde qui lui fait face des pieds à la tête, la deskription colle à celle de Rose et à la silhouette qu’elle avait pu voir des remparts lors de l’épisode Cypher. Elle repense aux souvenirs que lui racontait Rose et son cœur se serre à nouveau mais elle tente de n’en rien montrer. Calmement elle hoche la tête, elle a envie de se jeter sur la nourriture n’ayant rien avalé depuis plusieurs jours. Elle avait été incapable de se nourrir après la mort d’Abel et en plus elle préférait que les siens aient de quoi tenir et assurer leurs fuites. Malgré un calme affiché, l’estomac de la jeune femme la trahis en se mettant à gronder férocement sous l’odeur alléchante de la nourriture apportée.

Elle hésite, renifle la bouffe qui la fait littéralement saliver et commence à picorer l’assiette en utilisant toutes sa résolution pour ne pas se jeter dessus comme une morte de faim. Cependant elle tri tout ce qui ressemble à de la viande et pour l’heure elle n’y touche pas.


- Toi c'est Ash, c’est ça ? Rose m’a beaucoup parlé de toi.

Le ton n’est pas hargneux bien qu’il ne soit pas non plus amical, un mélange un peu ambigu d’un tas de ressentiments déjà bien trop présent. Bien que la nourriture apportée et les bienfaits qu’elle ressent à manger aide à vouloir tenter d’échanger. Une lueur de curiosité se met à luire dans les yeux de la jeune femme.

- Alors ça fait quoi de squatter chez les gens qu’on vient de tuer ? C’est agréable comme sensation ou ça a dû mal à passer ? Je juge pas, j’aurais sans doute fait la même chose si j’avais été à votre place. Un jour peut-être, qui sait.

Elle se permet d'être un peu plus acerbe, déjà parce que ça lui fait un bien fou et que ça vaux bien le risque de s'en prendre une, ensuite parce que si ce que Rose lui avait dit est juste, Ash ne sera pas violente.
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Je suis étonnée de l'entendre mentionner le nom de rosemary même si j'aurais dû me douter qu'elles aient pu être proche l'une de l'autre. Je pourrais même ajouter en avoir un léger pincement au cœur à l'idée de savoir qu'elle l'a côtoyé et peut être même apprécié. Hormis le fait d'avoir emprunté des chemins qui nous opposent, je l'ai beaucoup apprécié. Pour autant, n'ayant pas envie que cette amertume puisse se voir sur mon visage, je préfère rester stoïque avant de répondre.

" Ouais, ça m'étonne pas. Je me demande même si elle ne m'a pas voué une sorte de culte occulte dans votre bordel. Une espèce d'autel à mon nom ou un truc dans le genre .. "

Souriais-je avant de m'approcher avec précaution pour lui refiler son assiette. De toute évidence, elle doit croire que l'assiette n'est pas digeste puisqu'elle préfère pour le moment se contenter de picorer quelques miettes de pain plutôt que de s'attaquer aux protéines qui seraient en mesure de la requinquer plus vite.

" J'aimerais te dire que c'est agréable mais ça ne l'est pas. Pas parce qu'on a tué tes petits copains, vous l'avez mérité, mais parce que les lieux sont pas terribles. Ca pue ici, et la plupart de tes " amis " étaient des gros porcs donc .. enfin, peut être que tu ne le réalise pas parce que t'en fais partie j'en sais rien. Tu vois, moi non plus je juge pas sans savoir "

Répondis-je à mon tour sur le même ton qu'elle.

" Tu manges pas ? T'as peur que je puisse t'avoir filé un peu de ton p'tit copain dans le plat ? Abel c'est ça ? "

Cette fois-ci, mon regard est droit et dur comme de l'acier.
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Malgré la tristesse et la colère, la mention à Rose arrache un sourire à Maelys qui hausse les épaules en roulant des yeux, mimant un air à la fois effrayé et consterné.

- Je ne me suis que rarement risqué à descendre dans la cave de Rose mais ouais un genre d’autel de maraboutage sans doute. Même si de la sympathie est née la haine. Je crois qu’elle se sent profondément trahi, elle t’en veut énormément.

Tout en continuant de jouer avec la nourriture et en triant elle observa la jeune femme qui se tient devant elle, tête légèrement penchée sur le côté. Son estomac la fait souffrir mais c’est ceux sur quoi elle se concentre actuellement, la souffrance physique estompant ou masquant légèrement celle du cœur. Elle se mord la lèvre aux propos d’Ash, la fatigue lui permettant de rester calme, enfin pour le moment.

- Ma famille et mes amis n’étaient pas des porcs. Bon, certes, l’hygiène de certains étaient déplorables et d’autres sont des illuminés. Mais personne ne mérite d’être assassiné ou jeté dehors en plein hiver sans rien pour survivre. Personne.

Elle marque une légère pause en cherchant le regard de la jolie blonde, le sien est empreint d’une douleur profonde.

- Je ne suis pas une innocente colombe. J’ai dû tuer aussi récemment. J’avais pu l’éviter jusqu’à présent mais une situation s’est révélée inextricable et a donné lieu à la mort de tout un groupe. Ils n’avaient pas mérité ça mais j’ai fait ce que j’ai dû faire pour la survit des miens.  Est-ce que je m’en veux ? Oui. Est-ce que je le referais ? Oui. Suis-je un porc ou un monstre pour autant ? Je ne pense pas.
Ma famille était… est loyale, courageuse, démente pour certains à n’en point douter. Ils sont aimants, prêt à tout pour s’entraider. Je suis fière de faire partie des leurs.


Le ton est doux, aimant, les yeux de la jeune femme s’humidifient, elle doit renifler et tousser en remuant pour tenter de chasser les larmes à nouveau alors qu’elle continue de picorer en triant, c’est à ce moment là que Ash lui demande si elle ne mange pas en pensant qu’il s’agit d’Abel. La blonde pâlit immédiatement et relève des yeux effarés sur sa geôlière. Elle est affectée par la question et semble déstabilisée un moment, il faudra d’ailleurs plusieurs secondes pour parvenir à formuler une réponse.

- Je n’ai pas mangé depuis des jours parce que j’ai préféré laisser ma part à ma famille. Je meurs de faim mais j’ai peur que vous ne vouliez pas me nourrir tous les jours, donc je voulais essayer d’en garder un peu, au cas où.

Elle déglutie et secoue lentement la tête sans parvenir cette fois à retenir les larmes qui roulent lentement sur ses joues. Le ton est aussi calme que possible, elle a perdu tout son mordant et se contente d’espérer que ce ne soit pas le cas, quel genre de monstre pourrait faire ça ?

- Jamais je n’aurais eu l’idée de faire subir ça à quelqu’un. J’espère que tu en as juste eu l’idée et que ce n’est pas lui, si ?

Brève pause, la voix est tremblante, Ash à fait mouche visiblement pour percer une carapace en cours de construction.

- Je ne sais pas pour qui tu nous prends, on a été ennemis au moment où vous avez choisit de tuer Cypher. Vous aviez vos raisons, on avait les notre de le défendre. Je comprend les deux points de vue.
Mais nous ne sommes pas des monstres ou des dangers publique. Nous sommes une belle bande de guignols surtout. Et à part menacer de tuer des chatons, on n’a pas fait beaucoup de mal autour de nous contrairement à d’autres. Si ça t’aide à dormir mieux de te dire que t’as rendu service à la communauté en nous tuant et en nous chassant je ne vais pas pouvoir te faire penser autrement. Mais malheureusement ce n’est pas le cas.
On avait des divergences d’opinions, de religions, on a rompu certains accords pour reprendre notre liberté, on a perdu. Ça s'arrête là, c'est une bataille perdue qui nous coûte terriblement. Et Abel était loin d’être un porc ou un violeur, c’était mon homme, mon amour, ma vie, nous voulions construire une famille.

Sa voix se brise alors qu'elle regarde toujours Ash, totalement démunie par la peine qui la submerge.

 
Ce qui est agaçant, c'est qu'elle semble avoir compris où pouvait être mon point faible, ou du moins le sujet qui pouvait avoir le don de me faire sortir de mes gons. Rosemary. Je me doutais bien que Rosemary devait me détester, mais l'entendre de la bouche de quelqu'un qui lui était proche avait une toute autre intonation. Une espèce de torsion se forma dans mon estomac sans que je puisse véritablement le cacher, m'obligeant à m'avancer vers la prisonnière pour ne pas la laisser le remarquer.

" Moi je prends en compte le Karma. Vous avez voulu jouer, vous avez perdu. Point. Tu es beaucoup trop sensible Maelys, et c'est ce qui fait de toi quelqu'un de faible. Chez moi c'est binaire. Il n'y a pas de place pour les pleurs et les hésitations qui t'empêchent de prendre de véritables décisions ... Que ce soit avant dans l'armée ou maintenant dans ce monde-là..Tu parles de ces types que tu as tué. Tu l'as fait parce que t'as fait un choix. Tu l'as suivi et jusqu'au bout. Il n'y a pas lieu de regretter après ça. C'est pas une question de bonne ou mauvaise personne, c'était juste soit eux soit toi. De la même manière que pour Abel, c'était soit lui, soit moi. Et il en va de même pour Rose le jour où je réussirais à la recroiser."

Malgré le fait qu'elle soit mon ennemi, la voir retenir ses larmes me coute terriblement. Je ne le montrerais pas bien sur, mais je ne sais pas comment je serais si j'avais vécu ce qu'elle avait vécu. Je ne pourrais pas m'imaginer perdre Heim une seule seconde.. Je ne sais même pas si j'arriverais à survivre à tout ça.

" Tellement faible ... Pars du principe que si on veut te tuer, on aura mieux fait de te trancher la gorge. C'est plus rapide. "

Une fois que le nom d'Abel est prononcé et que je la vois se mettre finalement à pleurer, je décide d'attraper un mouchoir au fond de ma poche pour m'accroupir à son niveau et le lui tendre. Elle ne fera rien contre moi, je le sais et elle aussi. L'air que je prends pourrait s'apparenter à de la compassion, et effectivement j'ai hésité durant un moment, mais finalement je préfère trouver les mots qui réussiront peut être à l'endurcir.

" T'as entendu parler de l'histoire du crash d'avion avec des rugbyman uruguayens ? ... T'es pas prête pour ce monde. Quand tu veux survivre, tu fais ce qu'il faut pour. Tu te rappelles, soit lui, soit toi. "

La laissant un peu cogiter, à sa hauteur et sans détourner le regard, je finis par me relever.

" T'en fais pas va, c'est pas lui. On est allés chasser hier. "

Malgré son beau discours, je ne faiblis pas. Je ne perds pas de vu qu'ils ont essayé de nous entuber alors qu'on a été honnête avec eux dès le départ.

" Epargne moi ton discours à deux balles, ça ne marchera pas avec moi. On a essayé ... vraiment. Seulement vous avez préféré la jouer comme ça et maintenant vous en payez le prix, c'est aussi simple que ça.. Je vais te dire s'que vous êtes .. des abrutis qui avez cru bon de nous la faire à l'envers. Manque de chance, on est plus fort que vous. Tu étais à la tête de ces gus c'est ça ? Donc tu peux t'en prendre qu'à toi-même d'avoir perdu Abel. Si j'étais mauvaise, je dirais même que t'en es l'unique fautive mais j'veux bien que tu foutes toute la responsabilité de ce carnage sur moi si ça peut t'aider à dormir la nuit. "

...

" Maintenant, mange ! "
- Le Karma ? Je te souhaite bien du courage. Par contre oui, on a perdu. Dire qu’on a voulu jouer est un peu trop simpliste, mais ça résume plutôt bien. Nous avons surtout voulu exister librement même si, oui, c'était une erreur.

Elle l’observe un instant, l’air désolé pour la blonde qui lui fait face. La voix est calme, toujours empreinte de tristesse et de fatigue, mais résolue également.

- Ton monde doit être bien triste. Avoir des sentiments, ressentir de la colère, de la culpabilité, de la haine ou de l’amour. Ce n’est pas être faible que d’être humain, bien au contraire. Et quelque part, je te plains sincèrement si tu penses que c’est le cas.

Maelys ne sanglote toujours pas, même si les larmes brûlent ses yeux et ses joues sans qu'elle s'en appercoive réellement. Elle est bien trop fière pour s’effondrer en public et continue de lutter pour ne pas craquer, repoussant donc le mouchoir proposé avant de changer d’avis. Ça servira d’une manière ou d’une autre. Elle le glisse dans une de ses poches alors qu’une information fait lentement son chemin dans sa tête, une information qu’elle a occultée sur l’instant mais qui ne se laisse pas oublier pour autant.

- Le simple fait que tu aies eu l’idée de me faire croire qu’il s’agissait d’Abel prouve à quel point tu es mauvaise Ash, mais vu ta manière de penser, de te dédouaner de tes atrocités, ce n’est pas étonnant. Tu te voiles la face en te servant de l’excuse de la survie. Ne viens pas me dire que cette opération est due à la survie, elle était punitive parce que nous n’avons pas voulu obéir. Ça s’appelle de la répression, Ash, rien de plus, rien de moins. Je comprends pourquoi vous l’avez fait, mais ne me parle pas de manque de choix ou de survie. Vous auriez pu ne jamais revenir ici, il n’en allait pas de votre sécurité, seulement de votre ego blessé par notre manquement.

Elle reste d’un calme olympien, à croire qu’elle a pris du valium avant de se livrer, ou alors c’est l’épuisement, qui sait… Elle plisse cependant les yeux quand la jeune femme lui dit que tout est de sa faute à elle, et vu la tronche qu’elle tire, elles sont d’accord sur ce point, ce qui ne fait qu’appuyer plus encore sur son cœur déjà brisé. Elle allait répondre que, oui, c’est de sa faute, elle assume sinon jamais elle ne se serait livrée. Mais la phrase précédente qui n’avait pas voulu sauter à ses yeux s’affiche de manière bien plus présente, plus pressante.

- Attends.

Le ton de la voix se fait sourd, la haine la rend vibrante et son regard, tout comme son corps, se relève sur la jeune femme après avoir déposé l'assiette sur le lit. Elles sont de la même stature et semblent de force égale même si l’une est attachée, pas l’autre.

- C’était soit toi soit lui ? Tu as tué Abel ?

Sauf si Ash prend le changement d’attitude de la prisonnière au sérieux et recule, il risque d’y avoir contact. Mael tentera, si Ash n’a pas reculé, de lui mettre un gros coup de tête. Il y a de fortes chances qu’elle s’assomme toute seule par la même occasion, mais les dommages devraient être équitables au vu de la haine qui anime la prisonnière à cet instant. D’ailleurs, qu’elle ait réussi ou non à donner son coup de tête, elle se mettra à tirer sur les liens comme une furie et une menace s’échappera de ses lèvres sans hurler pour autant. Le ton est glaçant, c’est une évidence qui est énoncée.

- Un jour, je te tuerai.
" Alors une autre leçon, quand t'as plus fort que toi en face, dans un monde où il n'existe plus rien, c'est la loi du plus fort qui s'applique, et quand c'est cette loi qui s'applique, tu fais pas le malin à moins d'être soit sur de toi, soit stupide. Tu n'aurais pas perdu tes amis si vous aviez respectés nos demandes dès le départ au lieu de jouer avec notre patience et notre gentillesse. "

La dessus, j'étais intraitable. Xiao et l'ensemble du groupe avait été plus que clément, et ils en avaient abusé. Il était hors de question de s'excuser pour être venu leur réexpliquer les règles, tant pis si pour cela certains avaient du y perdre la vie.

" Tu n'as pas à me plaindre, j'ai fait le choix de me préserver, et tu devrais en faire tout autant sinon tu n'arriveras pas à survivre dans ce monde. "

Si je devais pleurer chaque heure chaque perte, jamais je n'aurais pu continuer de faire ce que je faisais, et encore moins maintenant. Quand on y pense, il y aurait de quoi devenir fou si l'on ne se préservait pas un peu chacun de tout ce qui pouvait nous arriver au quotidien. Oui elle avait perdu des amis et au même titre que moi lorsque je l'ai vécu, oui elle avait le droit de pleurer, mais pas indéfiniment et pas face à son ennemi qui était en mesure de la mettre à mal en un rien de temps s'il le voulait. Je suis dans mes pensées, à méditer sur le sujet justement, lorsque ses paroles m'arrache un rire guttural.

" Oh là, ne confonds pas tout. Lorsque je parle de survie je parle de nourriture. On est pas à la gonie au point de bouffer ton gus, mais si un jour l'extrême devait arriver, je le ferais pour survivre. Quant à cette intrusion elle a été consentie par le groupe tout entier. Nous avons fait le choix de vous faire confiance au départ, et finalement nous avons fait le choix de venir mettre à terme à vos fourberies. C'est pas plus compliqué que ça.. J'y peux rien moi si ton mec ne savait pas se battre .. "

A ces derniers mots, je devine que de son côté les connexions étaient en train de se faire. Si au départ j'étais venue à elle pour .. je ne sais pas .. un regain d'humanité peut être après tout ce qu'elle avait pu endurer, je voyais bien que la situation était en train de m'échapper et en même temps, j'avais rien fait pour que ce ne soit pas le cas. Face aux indices se trouvant devant mes yeux, accablants pour le coup, j'aurais pu m'éloigner, j'aurais dû peut être, mais au lieu de cela, je décide d'y faire face. Encore une fois, sans réellement savoir pourquoi. Peut être parce qu'une part de moi estimait le mériter ou bien peut être parce qu'intérieurement je savais que la laisser se décharger lui servirait pour plus tard, en sachant que vu ce que j'avais fait je serais sans doute la seule capable d'y parvenir, dans tous les cas je ne recule pas, au contraire je lui fais face pour la laisser nous confronter l'une et l'autre.

Dans tous les cas, le coup ne pouvait pas être puissant au point de m'assommer vu son niveau de fatigue, mais il me fait au moins reculer. N'étant plus à sa portée, je la vois se débattre avec ses liens et si je laisse un sourire se dessiner sur mes dents désormais rougies par le coup que je viens de me prendre en pleine face, c'est avec beaucoup de sérieux que je finis par lui répondre, avant de me retirer :


" J'espère bien, parce que ce jour là, tu te rappelles ? Ce sera soit toi, soit moi. "
.. FIN ..