Chapitre débuté par Maggart
Chapitre concerne : Nagaraja, Maggart,

Nous nommons « Bête » ce grondement du péché car c’est elle qui nous pousse au meurtre, à la conquête et à la guerre.
Avec la dame noire, j’ai vu les guerres que mènent les nôtres, j’ai vu ces princes non-vivants s’affronter au nom de leur clan, de leur foi, ou de leur monarque.
Telle est l’œuvre de la Bête.
Et la bête est là également dans ce calice sacré.
Dedans se trouve le sang pris dans les hommes et les femmes vivants qui ont tellement contrariés Dieu qu’il les a placés sur notre.
Et dedans, j’ajoute une goutte de mon propre sang et de celui de Sinska.
Ainsi, dans ce calice se trouve le péché des femmes et des hommes vivants et des damnés non-vivants.

Je me souviens de mes jeunes années, de ma solitude dans une famille dévouée à une monarchie depuis trop longtemps devenue obsolète. Du sinistre manoir familial, perdu dans cette région marécageuse. Mais aussi de mon désespoir faces aux traditions impartiales qui m’ont cantonné à un rôle subalterne au sein de cette bien terne famille. Je n’ai pas honte de l’avouer, bien qu’ayant été élevé dans un milieu aux revenus confortables, ma jeunesse fut loin d’être des plus heureuse …

Mon père, baron fidèle à la monarchie, était atteint d’une maladie incurable qui l’affaiblissaient terriblement.
C’est pourquoi mon frère se devait de s’occuper de la régence de nos terres.
Quand à ma mère, son mariage arrangé avait laissé son cœur dans sa Florence natale dont on l’avait arraché.
Ma position de troisième fils me prédisposait à entrer dans les ordres dès l’age de 5 ans. J’ai donc passé mon enfance dans un monastère et ce long séjour fut pour moi une véritable bénédiction car c’est dans ce lieu retiré que j’appris à lire et à écrire mais surtout, je me découvris une soif intarissable de connaissance.

Au coeur de celle-ci apparue bientôt une femme à la beauté diabolique. Sa peau était d’une blancheur immaculée, ses cheveux étaient longs et noirs, noirs comme ses yeux. Elle s’adressa directement à mon esprit, me parla de Caïn au travers du livre de la Genèse, de la Torah, du pentateuque et du Coran.
Puis, une fois son récit terminé, sa silhouette s’évanouit soudainement, laissant place à la pierre rongée par le temps des murs de la pièce.
La réaction de l’abbé fut l’une de mes premières révélations sur la complexité des réactions humaines. Sans que j’en comprenne réellement la raison, l’abbé interrompit ma confession en prétextant l’hérésie blasphématoire. Comme j’insistais pour défendre la véracité de mes propos, il se jeta sur moi pour me rouer de coups.
Malgré cela, les visions se répétèrent inlassablement et finirent par ébranler ma foi en l’église, et je finis par devenir complètement imperméable aux enseignements divins jusqu’à la nuit ou je reçus le baiser de sang.

Maggart aperçut les canines de la Dame blanche quand elle entrouvrit les lèvres.
Je la regardais, fasciné, retirer sa mince étoffe blanche, qui glissa au sol.
L’apparition se posa sur mon corps, activant mon membre dur et long contre son ventre, elle se frotta instinctivement contre moi.
Nous nous sommes embrasser passionnement jusqu’à ce que mon univers se réduise à elle.
Sa chaleur m’enveloppait. Son goût et son parfum m’enivraient.
Elle interrompit son baiser, et je frissonnais lorsqu’elle se mit à m’embrasser le visage et à m’effleurer de ses canines. Elle glissa vers mon oreille, puis vers ma gorge.
Lorsqu’elle releva la tête, le noir de son regard avait disparu, pour des yeux rouges phosphorescents. Elle l’observait, la bouche entrouverte.
Envouté, je caressais ses canines du bout de ma langue. Elle avait un goût de danger et d’extase. Le désir que m’inspirait sa part inhumaine me semblait aussi décadent que parfaitement naturel.
Ce soir-là, elle me vida presque entièrement de mon sang, et je pus alors me regénérer lentement avec le sang de la bête. Je lui appartenais, elle avait dorenavant tous les droits sur ma vie .. et sur ma mort.