La Chance survit.
Chapitre débuté par Karma Bona
Chapitre concerne : Des loups et des hommes, Karma Bona,
Karma Bona


Ce texte vaut 2 bières !
Il y avait des jours que le soleil était apparu à l'horizon. Des semaines qu'elle avait émergée, tête hors de l'eau, hors des entrailles caverneuses de la terre. Des mois, peut-être, même. Elle avait longtemps erré, à en perdre le Nord, avec une blanche colombe et un atypique scaphandrier, plutôt dans le genre mutiques. Le Grand'Pont... Seule structure encore intacte, suffisamment grande pour être aperçue de loin. Et permettre la traversée. Ils avaient hésité, indécis, déboussolés. Appartiendraient-ils à cette rive, ou à l'autre ? Quelle direction ? Et pourquoi, finalement ?
Du jour au lendemain, elle avait pris ses cliques et ses claques, sans en mettre une seule, et avait tracé sans se retourner. A peine un au revoir, un adieu. Compagnons d'infortune, mais elle provoquerait la sienne. Elle y croyait dur comme fer. Alors, pourquoi s'attarder ? On lui avait donné une direction, elle avait pris l'opposé. Allez savoir qui se trompait, dans ce monde renversé.
Le desert de sel et de verre brulait les yeux et les semelles. Elle l'avait fui en longeant la côte escarpée, jusqu'à une foret survivante. La nature n'était pas morte, même si elle faisait à présent pale figure. Il lui faudrait des générations de solitude pour apprendre à lutter contre les erreurs de l'Humanité. Et reprendre ses droits. Une broutille, à l'échelle d'un séquoia ; mais y en avait-il encore ?
Elle croisa une jeune femme décédée. Le corps était encore tiède. Elle pris une profonde inspiration. Réfléchir, oui, mais surtout ne pas faire d'histoire. Un mort est un mort, ce n'est que de la viande. Son ventre gargouillait, et son cerveau luttait. Après tout... Qui saurait ? Elle, évidemment. Pourrait-elle vivre avec cela ?
Elle s'assit sur un tronc, à proximité de son interlocutrice d'outre-tombe. Elle posa sa besace, fouilla quelques minutes à l'intérieur, pour en sortir un canif émoussé.
"Tu ferais quoi, à ma place, ma jolie ?"
Le visage émacié ne lui répondit point. Elle avait souffert, visiblement. Son corps avait fondu petit à petit. Elle aurait pu la sauver, en arrivant quelques jours plus tôt. Mais ce serait l'inverse, comme un coup de pouce du destin. Enfin, si elle daignait l'accepter.
"C'est bien ce que je me disais. Au diable la morale, pas vrai."
Elle n'avait jamais dépecé un animal, alors... Tout ce qu'elle pensait savoir, c'était éviter l'estomac et les intestins. Elle grimaça quand la lame s'enfonça dans la cuisse du cadavre. Son poignet blêmit, sa main se fit moins ferme. Elle tremblait.
"Allez Karma... Ca ne t'attirera pas une bonne étoile, mais tu te rattraperas plus tard..."
Elle prit une profonde inspiration. Un, deux trois. Elle reprit la taille. Méthodique.
"Concentre toi sur les quelques centimètres qui précèdent le tranchant. Tu peux."
Elle découpa un joli morceau de muscle. Elle le tenait à présent fermement, ne sachant trop quoi en faire.
"Non, je croque pas dedans comme ça. Je ne suis pas une sauvage, putain."
Elle implora de l'aide; personne aux alentours ne répondit. Seule avec ses emmerdes et ses états d'âme. L'humanité, oué. Fais chier. On est jamais mieux servi que par soi-même. Elle enroula le bifteck dans un bout de t-shirt de sa nouvelle copine, et se mit en quête de quelques brindilles. De quoi faire un feu, avec un peu de chance. Elle avait ce qu'il fallait pour allumer quelques flammèches, et, si elle arrivait à l'entretenir, rôtir le bout de Madame. Elle ne s'attarda pas à penser. Active, réactive; et voila qu'elle se retrouvait, en 20 minutes, à tenir une brochette cannibale au dessus de fumerolles qui sentaient la sève.
"On peut dire ce que l'on veut, mais ça fout l'eau à la bouche."
Elle survivait.
Du jour au lendemain, elle avait pris ses cliques et ses claques, sans en mettre une seule, et avait tracé sans se retourner. A peine un au revoir, un adieu. Compagnons d'infortune, mais elle provoquerait la sienne. Elle y croyait dur comme fer. Alors, pourquoi s'attarder ? On lui avait donné une direction, elle avait pris l'opposé. Allez savoir qui se trompait, dans ce monde renversé.
Le desert de sel et de verre brulait les yeux et les semelles. Elle l'avait fui en longeant la côte escarpée, jusqu'à une foret survivante. La nature n'était pas morte, même si elle faisait à présent pale figure. Il lui faudrait des générations de solitude pour apprendre à lutter contre les erreurs de l'Humanité. Et reprendre ses droits. Une broutille, à l'échelle d'un séquoia ; mais y en avait-il encore ?
Elle croisa une jeune femme décédée. Le corps était encore tiède. Elle pris une profonde inspiration. Réfléchir, oui, mais surtout ne pas faire d'histoire. Un mort est un mort, ce n'est que de la viande. Son ventre gargouillait, et son cerveau luttait. Après tout... Qui saurait ? Elle, évidemment. Pourrait-elle vivre avec cela ?
Elle s'assit sur un tronc, à proximité de son interlocutrice d'outre-tombe. Elle posa sa besace, fouilla quelques minutes à l'intérieur, pour en sortir un canif émoussé.
"Tu ferais quoi, à ma place, ma jolie ?"
Le visage émacié ne lui répondit point. Elle avait souffert, visiblement. Son corps avait fondu petit à petit. Elle aurait pu la sauver, en arrivant quelques jours plus tôt. Mais ce serait l'inverse, comme un coup de pouce du destin. Enfin, si elle daignait l'accepter.
"C'est bien ce que je me disais. Au diable la morale, pas vrai."
Elle n'avait jamais dépecé un animal, alors... Tout ce qu'elle pensait savoir, c'était éviter l'estomac et les intestins. Elle grimaça quand la lame s'enfonça dans la cuisse du cadavre. Son poignet blêmit, sa main se fit moins ferme. Elle tremblait.
"Allez Karma... Ca ne t'attirera pas une bonne étoile, mais tu te rattraperas plus tard..."
Elle prit une profonde inspiration. Un, deux trois. Elle reprit la taille. Méthodique.
"Concentre toi sur les quelques centimètres qui précèdent le tranchant. Tu peux."
Elle découpa un joli morceau de muscle. Elle le tenait à présent fermement, ne sachant trop quoi en faire.
"Non, je croque pas dedans comme ça. Je ne suis pas une sauvage, putain."
Elle implora de l'aide; personne aux alentours ne répondit. Seule avec ses emmerdes et ses états d'âme. L'humanité, oué. Fais chier. On est jamais mieux servi que par soi-même. Elle enroula le bifteck dans un bout de t-shirt de sa nouvelle copine, et se mit en quête de quelques brindilles. De quoi faire un feu, avec un peu de chance. Elle avait ce qu'il fallait pour allumer quelques flammèches, et, si elle arrivait à l'entretenir, rôtir le bout de Madame. Elle ne s'attarda pas à penser. Active, réactive; et voila qu'elle se retrouvait, en 20 minutes, à tenir une brochette cannibale au dessus de fumerolles qui sentaient la sève.
"On peut dire ce que l'on veut, mais ça fout l'eau à la bouche."
Elle survivait.