Chapitre débuté par L'Ecclésiaste
Chapitre concerne : Exode, L'Ecclésiaste ,

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(Un souffle. Puis la voix s’élève, rauque mais claire.)
Ils ont oublié le goût de la pluie.
Les rivières sont sèches, et les hommes boivent à même la poussière de leurs rêves.
Sous les cieux craquelés, les tours de l’ancien monde se dressent comme des dents brisées,
et dans les ruines, les enfants jouent avec les ombres des anges déchus.
Je suis l’Ecclésiaste.
Celui qui marche entre les mondes,
celui qui voit… et se tait,
jusqu’à ce que la nuit elle-même réclame un témoin.
(Pause — un bruit lointain de métal ou de vent.)
Les paroles anciennes s’accomplissent,
comme un livre qu’on referme lentement, page après page.
Les guerres ont englouti les nations,
et les cœurs, eux aussi, se sont refroidis.
Les prophètes ont été raillés,
les sages ont été chassés,
et les rois, dans leur orgueil, ont bâti des royaumes sur du sable.
« Vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerres… mais ne soyez pas troublés. »
Je vous le dis,
le feu n’est pas la fin.
L’obscurité n’est pas la mort.
Ce qui s’effondre ici-bas prépare la naissance d’un ciel nouveau.
(Silence — Le ton devient plus doux, presque murmuré.)
Il reste un passage.
Une porte étroite, creusée dans la pierre.
Les puissants ne la verront pas.
Mais ceux qui ont pleuré dans le secret y trouveront la lumière.
« Voici, je me tiens à la porte, et je frappe.
Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui. »
Je suis ce passage.
Je suis cette fente entre deux mondes,
le souffle qui murmure à travers les cendres :
« Lève-toi, enfant du jour. »
(Montée musicale — la voix se renforce.)
Car le dernier crépuscule n’est pas une tombe.
C’est une veille.
Une aurore suspendue entre ce qui fut… et ce qui sera.
« Et j’ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle ;
car le premier ciel et la première terre avaient disparu. »
Alors, écoute-moi, toi qui doutes encore.
Ne cherche pas la lumière au-dessus de toi — elle est en toi.
Le monde finira, oui…
Mais la Parole, elle, ne s’éteindra jamais.
« Le ciel et la terre passeront,
mais mes paroles ne passeront point. »
(Long silence. Puis la voix s’adoucit, presque fraternelle.)
Quand les vents hurleront dans les tunnels,
souviens-toi de mes mots.
Cherche la lueur, non celle qui éblouit,
mais celle qui te parle au fond du cœur.
C’est là que je serai.
Dans l’interstice.
Entre deux respirations du monde.
Et si tu tends la main…
tu passeras.
(La musique s’éteint. Un dernier souffle. Silence.)

(Silence. Le vent s’apaise. La voix, lente, profonde.)
Les vents se sont tus.
Le fracas du monde s’est éteint comme une braise oubliée,
et dans le silence des ruines,
on entend battre de nouveau le cœur de la terre.
Je suis l’Ecclésiaste.
J’ai vu la fin des empires et le jugement des orgueilleux.
J’ai vu les ténèbres recouvrir la face du monde.
Mais j’ai vu aussi une chose plus forte que le feu et la mort :
l’Amour.
« Et maintenant ces trois choses demeurent : la foi, l’espérance, la charité ; mais la plus grande de ces choses, c’est la charité. »
Ceux qui ont connu la nuit comprendront le jour.
Ceux qui ont pleuré seront appelés consolateurs.
Car la justice de Dieu ne tonne pas comme la guerre,
elle descend doucement comme la rosée sur les herbes brûlées.
« Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu. »
Regarde autour de toi.
L’herbe renaît entre les fissures du béton.
Les oiseaux reviennent chanter dans les ruines de verre.
Et les hommes… les hommes commencent à se parler de nouveau.
Je te le dis,
les armes tomberont de leurs mains,
et les nations apprendront à panser au lieu de frapper.
« De leurs épées, ils forgeront des hoyaux,
et de leurs lances, des serpes.
Une nation ne lèvera plus l’épée contre une autre,
et l’on n’apprendra plus la guerre. »
(La voix s’adoucit, presque fraternelle.)
N’appelle plus ton frère ton ennemi.
Ne mesure plus ta valeur à celle des rois.
Car celui qui aime en secret, celui qui pardonne sans témoin,
est plus grand que mille trônes d’or.
Ne crains pas d’aimer.
L’amour, même blessé, est la seule flamme que les ténèbres ne peuvent étouffer.
Aime ton prochain comme toi-même,
et tu feras renaître le monde,
pierre après pierre, cœur après cœur.
« Car Dieu est amour ;
et celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu,
et Dieu demeure en lui. »
(La musique s’élève, douce, apaisante. La voix s’ouvre vers l’horizon.)
Alors, lève-toi.
Ne regarde plus les cendres.
Marche vers la lumière qui renaît au loin.
C’est là que tout recommence.
Je suis l’Ecclésiaste.
J’ai vu la fin, et je te dis :
la fin n’est qu’un commencement.
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