Vous le sentez. Vous n'avez que peu d'option quand à votre sentiment face aux paroles de monsieur Falred. Soit vous le considérez comme le meilleur ami que vous n'avez encore jamais rencontré, soit comme le pire fêlé fouteur de merde et irresponsable que vous n'avez jamais entendu sur les ondes. Dans les deux cas, de la frustration. Latente, lanscinante, incontrôlable pour peu que votre esprit soit suffisament faible. Suite à la réponse de Lars, un long silence. Aussi pesant qu'un porc en fin de vie, prêt à se faire embrocher pour être dégustrer quelques heures plus tard, autour d'un bon feu. Tout le monde l'attends avec beaucoup trop d'impatience, vous aussi, c'est certain. Puis, vient le souffle d'un rire. Un rire simple. Franc. A peine fou, mais pas trop.
- Hahahaha, mes chers agents du Chaos, je crois que nous avons ferré notre premier gros poisson ! Votre héraut va lui répondre, oui oui, patience. Mais je dois d'abord soupeser la prise. Hum......
Cette interjection éraillée est beaucoup trop longue. Certainement moqueuse. Elle pourrait vous irritez si vous y êtes susceptible, mais vous valez bien mieux que ça, n'est-ce pas ? Pourtant, il poursuit.
- Je suis si déçu par son poids. Une pesée pourtant interessante, de plus de cents âmes ! C'est qu'on nous annonce des gros chiffres pompeux, sacré paire de couilles en toc posées sur la table. Même si l'on ignore les baveux. Hum....
De nouveau, c'est beaucoup trop long. Sa voix résonne et se mélange au crachat de votre radio. Pour peu qu'elle soit en mauvais état, ça vous fait mal aux tympans.
- Non vraiment, encore beaucoup trop d'arrogance et de lâcheté. Ca lui retire au moins les trois quarts de son potentiel. Je ne sais pas. C'est tout ce que vaut la pêche à Trinidad ? Il me parle "d'us et coutume" alors que ses gars et ses filles s'amusent, tuent et violent les corps de gens qui ne représentent aucun véritable danger et qui sont déjà morts. Je ne sais pas. Hum....
Ce n'est pas encore routinier pour vous, même si vous l'avez vu venir grâce à votre écoute active.
- Mes chers agents, je vous assure, je crois qu'il y a méprise. Le Chaos ne joue pas avec les morts. C'est la parade de l'Ennui. Celui dont je vous ai déjà parlé, celui qui peut vous tuer, à petit feu. Tout au plus, c'est aussi la parade de cette chieuse de Temps. Mais le Chaos, non. Le Chaos ils s'attaquent à de vrais adversaires. Le Chaos n'est pas lâche. Il embrasse les vivants. Il les viole ou les tue aussi parfois, mais nous ne lui en tiendront pas rigueur pour cette fois. C'est le risque ! Nous le savons. Non écoutez mes chers agents, je ne vais pas lui répondre tout de suite. J'ai encore des gens sûres à rencontrer. Des gens comme vous. Des gens qui veulent vivre et ne pas se terrer. Qui se fiche du droit du sol, car le Chaos ne regarde pas d'où vous venez et quelles sont vos frontières. C'est ça qui conduit à la destruction. Quand on commence à se battre pour des lignes invisibles, c'est qu'on a plus vraiment l'esprit à vivre avec les gens qui sont vraiment devant nous. C'est qu'on appel à l'Ennui, à une unité triste, sans commune mesure avec le bouillonnant Chaos. Non... Je vous assure, je dois réfléchir. Sauf si vous arrivez à me convaincre, amis du Chaos. Dois-je m'adresser au gros poisson ou le relâcher dans son petit bocal de merde ? Oh, non pas que sa merde soit ininterressante, on parle bien d'un terreau fertile. Mais... Hummmmm...
Vos tympans pourraient éclatés s'il poursuit ce son horrible. Mais heureusement pour vous, le sévice touche à sa fin.
- Non. Je repasserai plus tard. Je vais réfléchir un peu. L'Ennui, c'est un truc contagieux. A force de buter des sans visages, voilà ce que ça donne. Je vais réfléchir...
Si d'aventure, vous êtes à la Kabane, vous pouvez apercevoir l'homme violet fait de velours. Courtois, nonchalant, s'adressant à quelques âmes qui viennent à sa rencontre. Encore en petit nombre. La pluie, moins acide à présent, ne le touche toujours pas. En tout cas, vous vous faites à l'idée que l'illusion est parfaite. Vous jureriez qu'il est suivi par une ombre, qui a sa vie propre et qui par instant, pétille de couleurs. Mais elle est trop furtive pour être saisie. Quand à sa montre... Vous auriez juré y avoir vu un chiffre différent tout à l'heure... Il n'y a pas toujours pas d'aiguille, pas de cadran. Juste ce chiffre.
A la radio, vous n'entendez plus que le silence. Que vous acceuillez comme une bénédiction. Sauf si votre égo vous ne le permet pas. Alors dans ce cas, ce silence est encore bien plus bruyant que n'importe quel discours. Et il ne s'arrête pas. il vous assourdit. Vous pourriez le briser, juste comme ça. Ca vous soulagerez, très certainement. Laissez vous faire. Vous en mourrez d'envie.
« Le sable coule toujours… mais le sablier a changé de main. »
— F.