— TRINIDAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAD !
Le cri est soudain. Votre radio était pourtant coupé, pire, vous étiez peut-être même en plein conversation. Mais la voix éraillée s'élève. Rare ces temps-ci. Le manque est dilué. Pourtant, quand vous l'entendez de nouveau, des frissons de plaisirs ou des frissons malsains vous parcours l'échine. En plus de vous bousillez les tympans. Le son est fort. Trop fort.
— Hahahahahaha ! Bien envoyé madame Lani. Regardez donc ces pleutres se taire tandis que vous les remettez à leur place ! Mieux encore, les agresseurs vienne chouiner maintenant ! C'est hi-la-rant. Et c'était eux qui disait que j'étais drôle. Il y a compétition, croyez moi ! Hahahaha !
Le rire rebondit de radio en radio, comme un écho fou et stridant. Puis, petit à petit, il s'efface. Un souffle. La voix reprend, d'un ton calme. Posé. Presque triste.
— Mais je m'égare. Je ne suis plus là pour rire. Tic tac mes amis. La fin est de plus en plus proche. Terriblement proche. Et Trinidad qui continue de faire de la merde et de nous donner de la force. La force au Chaos, à la Vie. C'est incroyable tout de même tant de médiocrité dans une seule entité. Une seule. J'ai dit une seule. Oui, une seule. Comme le chiffre un. Parce que le Chaos sait tout. Il connait tout ce qui est vivant et tout ce qui est lâche. Il sait que le Néant n'a qu'un élément. Qui prolifère dans les corps, s'inventant des personnalités plates et aussi chiante les unes que les autres, dans le seul et unique but d'imposer une suprématie unique et débilitante. Touchant par la même le Chaos en plein coeur en abattant Rosemary, Kao T., Heidi, Sora, Mélissa.... Oh que c'est pitoyablement stupide de sa part ! Ne voyez-vous pas que mon compteur s'affole ? Pauvre crétin, je te l'ai déjà dit et prouvé. Tu ne peux pas abbatre le Chaos. Le Chaos est la Vie. Le Chaos est en toute chose. Tu peux le réduire en cendres, mettre sa tête sur des piques, il reviendra, encore et toujours, plus fou, plus fort ! Non ma Rose, tu ne sera pas un fantôme. Pas toi, tu vaux mieux que ça. Et dire que je n'ai même pas eu le temps de te connaitre, de te gouter. Tu étais pourtant un parfait agent du Chaos. Mais ce n'est pas grave, puisque ton âme et celle de tes soeurs nous reviennent désormais. Pour affronter l'Unité. Le Néant.
Une brève pause, qui n'a pas le temps ni de créer le manque, ni de vous soulager. Le Héraut reprend. Sa voix et plus vive, plus incisive, elle vous pénètre et vous lacère, ou vous caresse et vous berce.
— Comme toi "Trinidad", j'utilise un pouvoir interdit. Qui me permet de revenir, encore et encore. Comme toi "Trinidad", je plis le sens de cette réalité à ma volonté. Mais non pas pour me branler sur des petites victoires et des petits massacres, tel un pleutre nauséabond qui se cache dans sa chambre de puceau. Noooon. Je suis ici pour révéler ton âme "Trinidad". Car tu n'es qu'un, nous le savons, car le Chaos le sait. Et par conséquent, la Vie s'empare de cette information. Tu te donnes bien des noms. Mais regarde toi ! Tu te ressembles. Tu te confonds avec toi même. Perdu dans le creux d'une vie irresponsable et destructrice, qui ne respecte rien, violente, grise, sans émotion. L'identité de ce monde est pourtant évidente. Elle permet au Chaos de s'étendre, de vivre, et de jouir. Mais toi, non, toi "Trinidad", tu ne fais que brasser la moitié du monde à toi seul. Empêchant la vie. Tuant sans compromis et sans partage. Autant les âmes que le reste. Tu me suis ? Tu baises tout, pour un plaisir bien égoiste et sans partage. Pourquoi Trinidad ? Si tu te complet dans cette violence délicieuse, qui j'en suis sur, te fais mouiller ton petit slip puant, pourquoi tu ne partage tes trophées ? Tu nous parles d'histoire. La petite chinoise a raison. On s'en branle. On veut la vérité !
Vous savez que le Héraut dis des mots incompréhensibles et pourtant. Une idée émerge. Vous ne la comprenez pas bien. Comme une image fractale qui vous fait tourner la tête et prendre de la hauteur sur un monde bien étrange, désertique, hexagonale, fait de clic et de ploc. Mais pas que. Avec un cassure spectrale en son milieu, un tourbillon noir sur un pont abandonné, où il ne reste plus qu'un fantôme, piégée entre deux mondes. Caryelle.
— Cary, ma pauvre Cary. Jouée, manipulée, brisée, copiée, multipliée. Rongée par le même mal qui t'a initiée, corrumpue. "Trinidad" te tient dans ses filets et en même temps, une partie de toi est à moi. Tu me suis ? Je suis le héraut du Chaos. Oui. Je sais trop de choses. Oui. Ma pleine conscience me permet de comprendre ce monde brisé. Oui. Cary tu es le symptome d'un univers qui se déchire et se confonds dans l'ennui. Tout ce qui t'es arrivée est à cause du manque d'équilibre dans les fondations même de cette existence. Dans un monde fractal normal, le héraut n'a pas besoin d'intervenir pour réinstaurer l'équilibre. Mais ici, "Trinidad" a tout brisé. Oh, il n'a pas été le seul. Pourtant, aujourd'hui, il en porte toutes les responsabilités. La médiocrité qui nous incombe doit être renversé. Billy Bob l'avait compris, l'avait clamé, l'avait chanté. Un autre clown perdu lui aussi, dans l'oubli et le Néant, il est tombé. "Trio de papa", Tu crée toi même les sans visages qui te révulses. Ironique. Ou profondément hypocrite. Car tu casses tout, "Trinidad". Comme tu as cassé Cary. Là où même Rosemary, n'a rien pu faire, pour aider son fantôme. Avec tes manigances, tu l'as conduite à sa propre destruction ! La main de Jaman qui l'a emporté n'était pas guidé par le Chaos, mais par tes inactions et ta puissance mono-spirituel ! Ton influence, qui ne profite qu'à toi et "tue le game", si tu me permets l'expression. Pathétique n'est-ce pas ? Quel amère victoire, quand demain, tout va s'effacer, pour tout recommencer. Dans ce cycle éternel sans fin. Alors que nous le savons tous. Tu as triché "Trinidad". Tout le monde a du tricher, mais jamais aussi bien et aussi consciensieusement que toi. Non mon ennemi. Non... Tu as été le meilleur. Dans le pire. Mais maintenant me voilà, qui tembourine à ta porte et te fait perdre la raison et la logique ! Car tu vois clair dans mon jeu. Et tu te demandes alors : qui je suis ? HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA, sache le, tu n'en a pas la moindre idée et tu ne me connais pas, je t'en fais la promesse. Et ça te rends chèvre, chèvre !!! MEEEEEEEEHHHHHHHHHHH
Le cri de l'animal résonne un peu, puis se perd. Vous êtes pris de nouveau de vertige, mais la nausée cette fois-ci, ne tarde pas et vous frappe. Alors, une dernière fois, pendant que vous dégobillez vos tripes, la voix reprends.
— Quand viendra le moment. Que le monde sera sur le point d'être emporté dans le Néant pour que le Chaos s'en saisisse de nouveau. Je viendrais te trouver Trinidad. Pour te donner ta dernière jouissance. Sauf si ton égo démesuré te permet de la prendre. Et tu verras, quand ton sperme chaud viendra se coller sur mon cadavre inerte et que je rirais encore sur les ondes publiques, que tu ne gagneras jamais. Et que tout ce que tu as accompli dans ce monde, d'hier à demain, n'aura servi à rien. Car tout le fun, oui, tout le fun, il était ailleurs. Et dans ta solitude, Trinidad, tu te trouveras bien morne, bien gris. Et tu recommenceras. Dans un nouveau monde. Tu chercheras vengeance envers un ennemi invisible. Qui n'existera pas. Car je ne serai plus là. Et toi, tu resteras seul, tombé dans l'oubli que tu auras toi même crée à force de te faire des ennemis. La mémoire des âmes est quelques choses de très puissant. HAHAHAHAHAHAHAHA !
Le rire est dément. Des images de mondes différents vous flash l'esprit. Vous êtes dans un vaisseau spatiale, il y a des gens qui se battent à coup de tirs lasers sur un homme seul, acculé, mais enragé, entouré d'un bouclier indestructible. Puis, vous êtes dans un chateau, sur des remparts, une ombre plane, terrifiante, celle d'un dragon, et d'un homme qui le chevauche, il hurle, il est en rage, il veut tout détruire. Vous êtes dans une rue bondée de New York, la bourse est en chute libre, tout le monde pleure, sauf un homme, qui rit aux éclats, il a écrasé tout le monde. D'autres images de mondes absurdes mettant en scène un tricheur vous accable ou vous donne un courage nouveau. Chacun de ces hommes se ressemblent et aucun n'est le même. Pourtant... Alors la radio crépite. Le rire s'est tû. Plus aucun son ne sort. Vous voyez le chiffre "18" surimprimé sur vos yeux, qui vous brûlent.Puis tout s'arrête. Le silence. Et le manque. Le Néant vous englobe. Vous berce et vous glace le coeur. Il n'y a plus que la solitude. Et un miaulement. Un simplement petit miaulement.