Sans prévenir, les ondes vibrent de nouveau de la voix éraillée de monsieur Falred. Vous ne connaissez pas son nom si vous ne l'avez jamais rencontré. Pourtant, vous savez que vous n'y êtes pas indifférent. Peut-être même que vous l'attendiez ? Ou au pire, vous le redoutiez.
- Tic-tac, ma montre n'a pas d'aiguille, cependant elle avance toujours vers l'absolue ! Vous êtes nombreux à venir me trouver. Et tout aussi nombreux à ne pas être déçu. Mais, je sais que nous pouvons faire mieux. Je suis sûre qu'il y a de quoi réveiller quelques sans-visage. Allez les morts, réveillez-vous. Résistez, prouvez que vous existez !
Si vous avez déjà vu monsieur Falred, vous savez que la mention de sa montre n’est pas anodine. Cette montre tournait “dans le mauvais sens”, ou peut-être est-ce le bon ? Vous la regardez, mais parfois, n’avez-vous pas la sensation que c’est elle qui vous regarde ?
- La pluie s’est adoucie. Je dois reconnaitre mon emballement. Mais le monde change toujours. Il n’est pas de fin qui n’a pas de commencement. Parfois, l’histoire est longue. D’autres fois, elle l’est moins. Je sens comme un vent du nord qui me parcourt l’échine et qui descend sur le sud. Le Chaos n’est pas l’ennemi de la Vie, bien au contraire, ils ne peuvent rien faire l’un sans l’autre, me suivez-vous ? Je vous laisse, fidèles alliés. Votre héraut doit encore réfléchir, c’est entendu.
Vous le savez bien. Falred évite le sujet. Il tourne autour du pot. Vous n’avez plus envie de l’entendre, ou au contraire, vous ne voulez entendre que ça. Mais il ne l’évoque pas. Comme un non-dit insupportable. Comme si le silence ne s’était jamais tu.
« Le sable coule toujours… mais le sablier a changé de main. »
— F.